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Zen quotidien

Noël : ce qu’en pensent les dindes… Interview exclusive !

Daisy a 5 ans. Le jour où nous la rencontrons pour une interview, elle sautille joyeusement à la Hardonnerie, un sanctuaire pour animaux où elle a eu la chance d’atterrir il y a quelques années. Daisy est une belle dinde mais elle est aussi une rescapée, échappée d’un élevage industriel. Elle est arrivée sale, un œil en moins, les os fragilisés et le bec mutilé. Elle est surtout arrivée pleine de stress, dans un état émotionnel des plus terribles, comme elle nous le racontera bientôt. Une otage libérée donc, dont le témoignage essentiel – de l’intérieur – nous permettra sans doute de comprendre.

Car aujourd’hui: Daisy rayonne! Elle picore, comme elle peut, gougloute, profite de longues siestes sous les arbustes, et vient facilement à notre contact pour papoter un brin. Madame est bavarde, comme une pie oserait-on, sauf à la vexer!

Question: Bonjour Daisy. Comment allez vous?

Merveilleusement merci! Enfin, comme tout le monde: des jours avec et des jours sans. A cette période de Noël, c’est un peu plus difficile…

Q: Vous vous êtes échappée il y a quelques années d’un élevage industriel de dindes de Noël. Votre histoire est connue de tous. Aujourd’hui, quels souvenirs avez-vous encore de cet endroit?

Je suis née là-bas, dans la prison. Nous étions 50.000, entassées sur plusieurs étages, dans des rangées, entourées de métal gris et froid. Mutilées à la naissance, on nous coupait le bec pour éviter les accidents. Il faut pourtant savoir que notre bec est très sensible et participe à notre capacité de perception du monde. Dans cet immense entrepôt, tout était terrible: les odeurs, l’atmosphère, le bruit tout comme bien sûr le confinement.

Je suis née en prison donc, sous les néons. Nous les dindes, étions hagardes, vivant nos journées sans bien comprendre ce qui se passait. En nous, il y avait malgré tout un instinct naturel de survie, alors nous mangions pour engraisser, mais la seule envie réelle sans doute était d’échapper au cauchemar.

Q: Contrairement à vos 49.999 compagnes, vous avez pu vous échapper, quelle pensée avez-vous pour elles aujourd’hui?

Mes compagnes de l’époque ont fini dans des plats, sur les tables de Noël. Entourées de pommes et de marrons. Sans doute pour atténuer l’odeur de viande morte? J’espère juste qu’elles sont parties rapidement, sans souffrir. Je pense souvent à elles notamment à celles de ma rangée, les petiotes… ( sa voix se brise ).

Question: Daisy vous êtes aujourd’hui connue dans le monde entier comme « La dinde au grand cœur », vous nous expliquez?

Oui ce sont surtout les humains qui m’appellent ainsi. Un peu de culpabilité inconsciente sans doute…

Ils sont émerveillés par le fait que je leur ai pardonné. Que je ne leur en veut pas pour leurs cruelles méthodes d’extermination. Mais nous, les animaux, nous ne sommes pas rancuniers. Nous voyons, entendons, ressentons, tout comme vous. Mais nous sommes beaucoup plus connectés au moment présent! Là tout de suite par exemple, je repense au passé en répondant à vos questions, mais sinon je suis plutôt concentrée sur ce qui se passe tout de suite. C’est tellement beau! Un rayon de soleil qui traverse les feuilles d’arbres, un petit ver qui ondule à portée de patte, le bruit du vent dans les bambous…

Q: On parle beaucoup aujourd’hui de la condition animale, des émotions animales etc. Avez-vous un message à faire passer Daisy?

Et bien, il me semble que la solution au problème de la souffrance animale viendra du moment où l’homme sortira de « l’esprit de compétition ». Pour l’instant, il a besoin de se sentir supérieur: plus fort, plus intelligent etc. Et n’en finit pas de se comparer avec les autres animaux. Mais cela semble surtout montrer un singulier manque d’estime de soi, non?

Le jour où l’homme réalisera qu’il est intelligent, certes, mais bien incapable par exemple de se tenir debout avant 8 mois ( chose que fait parfaitement n’importe quel équidé, au bout de quelques heures)… il commencera peut-être à respecter les autres espèces, leurs intelligences et leurs capacités différentes.

Et m’est avis que le respect de l’animal est le premier pas vers l’envie de le protéger.

Q: Avez vous connaissance des différentes actions qui sont menées actuellement pour défendre la cause animale?

Oui oui, on me tiens informée. Je crois beaucoup notamment à toutes les recherches faites actuellement sous l’angle de l’éthique: les travaux de la philosophe Corine Pelluchon, la création d’un master d’éthique animale à l’université de Strasbourg etc. C’est très prometteur!

Mais mon petit cœur de dinde éprouve surtout une immense gratitude pour le moine bouddhiste Matthieu Ricard: quelle belle façon de parler de ces thèmes avec délicatesse. Respect! ( comme vous dites )

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